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Une analogie que l’on doit aux grecs compare deux animaux que sont le hérisson et le renard.

Le renard est extrêmement rusé, comme le rappelle l’expression « rusé comme un renard ».

Dans sa vie quotidienne, notamment pour s’alimenter, le renard déploie des solutions à la hauteur de son intelligence, et il est capable d’inventer chaque jour de nouvelles tactiques pour attraper ses proies. Il a plusieurs types de proies possibles et il échafaude autant de stratégies que nécessaire pour les attraper et s’en nourrir.

Mais il y a une proie sur laquelle il est en échec régulier, malgré toute sa ruse : le hérisson.

Le hérisson ne fait l’objet d’aucun proverbe en lien avec l’intelligence. On ne dit pas « Malin comme un hérisson ». On ne lui prête pas particulièrement de qualités, au hérisson. Il est lent, il ne sait pas bien se battre, et il fait un peu peine quand le voit. Il se déplace avec difficulté, d’ailleurs c’est pour cette raison qu’il se fait malheureusement souvent écraser sur les routes.

Par contre, face au renard, le hérisson gagne à chaque fois alors qu’on pourrait le penser désavantagé.

Le hérisson sait faire une chose super bien : se rouler en boule et attendre que ça passe, en déployant tous ses piquants. Il ne sait faire que cette seule chose : il ne sait pas courir vite, il ne sait pas se battre, il n’a pas de grandes dents pour se défendre, il n’est pas teigneux et ne se déplace pas non plus en bande. Il ne coche aucune de ces cases-là.

Par contre, il coche toujours la même case quand le renard arrive, et peu importe que ce soit par la route, par le bois, le champ ou la colline : le hérisson se roule en boule, sort les piquants et il attend. Ne sachant comment l’attraper sans se piquer, le renard abandonne.

le concept du hérisson, se rouler en boule
Parfaitement roulé en boule, le hérisson attend.

Et ça marche à chaque fois. Le hérisson s’en sort en ne faisant qu’une seule chose, mais à la perfection.

 Et il y a ici un concept fondamental qui doit guider la réflexion de tous les porteurs de projet mais aussi de tous les chefs d’entreprise à mesure qu’ils avancent, au fil des ans, même dix ou quinze ans plus loin dans l’aventure.

Le Concept du Hérisson : la passion d’abord

Tout d’abord, il s’agit d’envisager le domaine qui vous passionne. On entend tout le temps dire que si tu travailles dans ce qui te passionne, tu n’auras plus jamais l’impression de travailler. C’est complètement faux, en fait. Parce que la passion est une condition nécessaire mais non suffisante. Il y a quand même pas mal de choses qui viennent ensuite s’ajouter à ça et qui ressemblent quand même beaucoup à du travail. Notamment dans les composantes soucis, anxiété, préparation, anticipation, responsabilités…

Ceci dit, la passion reste un point de départ très important. Adorer ce qu’on fait et ne pas être seul à adorer ce qu’on fait. On doit savoir s’entourer de gens qui sauront partager cette passion, et à qui on va pouvoir la transmettre. Il s’agira de fédérer toujours plus de collaborateurs autour de cette passion.

Donc la première condition pour exécuter chaque jour à perfection comme le fait le hérisson, c’est de faire quelque chose qui nous passionne.

Le Concept du Hérisson : la rentabilité

Il faut aussi que ce soit rentable. On doit pouvoir générer assez rapidement du cash et ne pas vivre de levée de fonds en levée de fonds, avec un business model qui en permanence perd tant et plus.

Quand on voit circuler certaines infos et certains montants, il y a parfois une décorélation complète entre ce que le business génère et les sommes ahurissantes qui sont misées dessus. Personnellement j’ai plutôt une mentalité d’épicier à l’ancienne : il achète sa petite boîte 50 centimes et la revend en dégageant un bénéfice.

Être rentable est aussi le premier devoir de l’entrepreneur : construire un modèle pérenne. On se le doit à soi-même mais aussi à la Société car quand l’entreprise va droit dans le mur faute d’un modèle solide, au final c’est le contribuable et la Société qui en payent les pots cassés. On emmène un tas de gens avec soi dans l’aventure entrepreneuriale et notre responsabilité d’entrepreneur est de ne pas les emmener à la catastrophe.

On doit donc à la fois travailler dans ce qui nous passionne, mais aussi construire quelque chose qui soit rentable.

Mais l’on doit aussi pouvoir se rendre inégalable.

Le Concept du Hérisson et son 3ème pilier : l’inégalabilité

Ce concept du hérisson a été vulgarisé par un enseignant-chercheur américain, Jim Collins, dans son ouvrage Good to Great (traduit en français par : De la performance à l’excellence) publié en 2001. Selon lui, il s’agit d’être le meilleur du monde dans son domaine.

Et c’est un concept qui a souvent été mal compris. Beaucoup de petits entrepreneurs se sont sentis découragés devant l’ampleur de la tâche. Comment devenir le meilleur du monde en partant de zéro, notamment sur des marchés à forte concurrence ? Si l’on prend le concept de Collins au premier degré, on baisse fatalement les bras.

En réalité, il ne s’agit pas du monde au sens planétaire.. On ne parle pas d’être le meilleur du « monde entier ». Il s’agit en fait d’être le meilleur du monde de vos prospects et de vos clients. Comment allez-vous vous rendre inégalable et unique auprès de ces gens-là en particulier, et devenir le meilleur de leur monde à eux ? Comment allez-vous devenir leur interlocuteur préféré ? Leur service préféré ? Leur produit préféré ?

A la croisée de la passion, de la rentabilité et de l’inégalabilité se trouve la combinaison à exécuter sans cesse, à la perfection.

C’est là que va se situer l’aventure entrepreneuriale qui fonctionnera : associer passion, rentabilité et inégalabilité pour nos clients. C’est ça, le concept du hérisson.

concept du hérisson, la matrice
Le sweet spot, c’est là.

La preuve ? Enlève l’un des 3 piliers pour voir…

Dès que l’un des 3 critères n’est plus rempli, ça ne fonctionne plus.

Si tu fais quelque chose qui te passionne et qui est rentable, mais que 150 entreprises autour de toi savent faire aussi bien que toi, tu te casseras les dents sur cette concurrence parce que tes clients ne verront pas en quoi ils auraient intérêt à venir te voir spécifiquement.

Si tu sais faire quelque chose de rentable mieux que quiconque, mais que ça ne te fait pas vibrer le matin, que tu n’as pas envie de t’arracher pour ça, que tu n’as pas une once de charisme pour inspirer tes collaborateurs autour de ton sujet, ça ne fonctionne pas non plus.

Et si tu as quelque chose qui te passionne et dans laquelle tu es le meilleur du monde pour tes fans, mais que ce ne sera jamais rentable ou que la rentabilité de cette chose ne t’intéresse pas, cela ressemble plus à l’amour d’un instrument de musique ou d’un loisir. Garde ça pour tes week-ends et ton temps libre et n’en fais surtout pas un business.

C’est bien à la croisée des trois cercles que se situe la combinaison gagnante en matière de business.

C’est une matrice qui devrait être montrée bien plus souvent aux porteurs de projet.

Bien souvent, ils sont animés par une passion mais la question de la rentabilité n’est pas claire pour eux, ou ils en ont vision très naïve.

Ou ils ont repéré un truc qu’ils pourraient faire très bien pour leurs clients, mais au fond d’eux ce n’est pas ça qu’ils ont envie de faire.

Souvent aussi, ils ont repéré un marché porteur, mais n’ont absolument pas en eux la dose de passion nécessaire pour supporter tous les efforts qu’il faudra déployer.

Mais cette matrice, si elle peut être utile aux porteurs de projet, peut aussi servir aux chefs d’entreprise plus expérimentés. Ils ont tout à gagner à y revenir régulièrement, pour se poser cette question : « Sommes-nous bien encore en train d’exécuter à la croisée des trois cercles ? »

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