Parcours atypique peut-être, quête du développement personnel sûrement. Les sites dédiés au développement personnel sont nombreux. Plus rares sont ceux conçus par et pour des dirigeants d’entreprise. Retour sur le parcours atypique qui m’amène à cette démarche.

(retrouve aussi cet article en podcast, c’est l’Episode zéro)

Un parcours atypique depuis l’enfance

J’ai 46 ans.

Et aussi loin que je me souvienne on m’a toujours dit que je ne fais rien comme les autres.

Enfant, mes copains de classe qui revenaient du zoo ne me croyaient pas quand j’affirmais avoir déjà vu des babouins ou des pélicans en liberté. Et pour cause, j’ai grandi 3 ans en Afrique du Sud. Ce qui était normal pour moi leur paraissait inconcevable.
Adolescent, j’ai connu les Etats-Unis autrement qu’à la télé : j’ai été lycéen dans l’Ohio, partageant la vie quotidienne d’une famille et de camarades de classe américains.
Etudiant, en fac d’anglais à Grenoble, j’ai voulu me mesurer à l’Agrégation. Je n’ai jamais vraiment pensé à être prof, mais pendant mes années d’études mes copains de fac et mes profs m’ont répété que l’agreg était un truc quasi-inaccessible, ou en tout cas, pas accessible du premier coup. J’ai bêtement voulu voir ce qu’il en était, et au final je ne sais toujours pas ce que ça fait que de tenter le même concours année après année. La première tentative fut la bonne.

Le parcours atypique à titre personnel est donc pour moi déjà une longue pratique.

La vie professionnelle ? Pas si académique non plus…

Quelques années plus tard, me voilà professeur à l’université de Picardie, à 27 ans, spécialisé en Civilisation Américaine appliquée aux affaires. J’étais titulaire de mon poste, bien installé, et je décidais entièrement de ce que j’enseignais. J’aurais pu y rester indéfiniment, mais j’étais intrigué par mes conversations avec certains collègues qui évoquant l’enseignement supérieur, suggéraient que les grandes écoles de commerce étaient quasiment l’antithèse de l’université publique. En France on pare les écoles de commerce de toutes les vertus et on les accuse de tous les maux à la fois. J’ai voulu voir. J’ai fini par donner des cours à l’EDHEC, à Lille, en plus de la fac.
Fonctionnaire et titulaire au plan de carrière écrit d’avance, il ne pouvait pas m’arriver grand-chose.
Mais j’ai décidé de tout arrêter vers 31 ans pour aller travailler dans le commerce international. C’est venu à force de rencontres, notamment par le biais de l’EDHEC. Le dirigeant d’une PME m’a proposé de venir travailler chez lui. Dans un secteur  » sérieux  » ? Pour la plupart des gens, non : celui des animaux domestiques.

Un parcours atypique même dans les loisirs

J’ai simplement suivi ma passion pour les chiens. Depuis mes 20 ans je m’étais pris de passion pour une race bien particulière, le Rottweiler. Amateur plutôt acharné, je me suis mis à la compétition canine et j’ai vécu cette passion à fond parallèlement à mon boulot, plaçant des chiens de mon élevage sur 4 continents, me déplaçant un peu partout dans le monde et multipliant les rencontres toutes plus passionnantes les unes que les autres.
Au final, quoi de plus logique que de rejoindre professionnellement une société spécialisée dans les accessoires pour animaux de compagnie ? Sous l’oeil souvent médusé de mes collègues de fac, c’est ce que j’ai choisi de faire en 2007.

En parallèle, je suis retourné à l’école à 31 ans, pour suivre le programme Executive MBA de l’EDHEC. Curieux cheminement que de passer de l’autre côté du pupitre dans cette école avec laquelle je collaborais régulièrement comme enseignant. Quand mes amis profitaient de leurs week-ends, je partais suivre 20 heures de cours, enchaînant les études de cas avec ma pile de livres sous le bras, pendant 18 mois.

Je ne te raconte pas l’allure du CV après un tel parcours atypique… chez Michael Page on m’a tout simplement dit un jour que je ne retrouverais jamais d’emploi en France !

Le fameux aller-retour

J’ai beaucoup appris en tant que salarié en entreprise. J’y ai pris énormément de plaisir car j’ai eu l’occasion d’y repousser beaucoup de mes propres limites, de dépasser beaucoup de préjugés. J’y ai connu l’échec comme la réussite. Je voulais y vivre des choses nouvelles, j’ai été servi.

En 2011, je travaillais depuis deux ans pour un groupe américain toujours dans le même domaine. On m’a annoncé un licenciement économique un vendredi. C’est pas le genre de chose qui t’arrive à la fac.
Ce que je croyais être le monde s’écroulait pour moi : un beau salaire, des fonctions de responsable grands comptes dans 9 pays d’Europe, fast-tracké comme haut potentiel, un portefeuille de comptes en millions d’euros et un métier trépidant, tout ça se trouvait balayé d’un seul coup.

J’ai passé le week-end à ruminer mon rebond, sous forme de revanche. Je n’avais qu’une idée, postuler chez un gros concurrent et montrer à mon ex-employeur qu’il avait fait une grosse erreur en se séparant de moi.
Et puis le lundi, j’ai appris que j’allais être papa. De jumeaux.

C’est ce qui s’appelle  » un aller-retour « . Deux baffes en pleine figure : l’aller le vendredi, le retour le lundi. De quoi changer ton regard sur les choses.

Face à cela, quand j’aurais pu retourner vers mon métier d’origine et y être tranquille, j’ai choisi d’entreprendre avec mon épouse.

Reid Hoffman, le patron de LinkedIn, dit qu’un entrepreneur est un gars qui saute d’une falaise et construit un avion sur le chemin de la descente. C’est peut-être un peu moi.

3 enfants la même année

On a mis un an à mettre ça en place. En 2012, j’ai donc eu 3 enfants : un garçon, une fille, et une entreprise. Après tout, tant qu’à avoir un « parcours atypique » autant mériter à fond le qualificatif…

Mon entreprise est aujourd’hui un groupe qui détient 3 entités, toutes dans le petfood.

Atavik, créée en 2012, et qui est toujours notre principale marque.

ESL Diffusion, créée en 2022, qui a vocation à distribuer des marques étrangères. Alpha Spirit (Espagne) est la première marque au catalogue.

Mastery, acquise en septembre 2022. C’est une marque qui aura bientôt 30 ans et dont j’ai connu les produits à mes débuts en cynophilie. Une belle façon de boucler la boucle !

On m’a prédit que je ne passerais pas la première année parce que le marché du petfood était hyper-saturé et qu’il n’y avait plus rien à y faire, surtout pas en démarrant de zéro.
Dans notre 10ème année, au prix d’énormément de travail, on arrive à 11 salariés et un CA qui se compte en millions.
On en vit correctement, on en fait vivre correctement nos salariés.

Alors, on se détend et on boit frais ? Toujours pas. Ou alors, beaucoup plus frais que les autres.

2000 km de télétravail, autre étape du parcours atypique

En juillet 2017 je pars en famille pour m’installer en Finlande, pays d’origine de ma femme. On a simplement souhaité que nos enfants, arrivés à l’âge de 5-6 ans, maîtrisent à fond le bilinguisme et profitent d’un système scolaire finlandais souvent cité en exemple.

Ce n’est pas super-habituel pour un chef d’entreprise que de s’éloigner physiquement de son coeur d’activité. Et puis c’est délibéré de notre part. On a mis environ un an à aligner les planètes pour que ce soit possible.

Mes tâches dans l’entreprise sont faites à distance. Outre la Finlande, mes fournisseurs sont partout en Europe. J’ai en France une équipe du tonnerre qui travaille selon un système entièrement pensé pour fonctionner malgré l’éloignement. A noter d’ailleurs qu’ici j’entends beaucoup moins parler de parcours atypique… les trajectoires professionnelles semblent être beaucoup moins linéaires qu’en France sans que ça interpelle grand monde.

Le développement personnel du dirigeant : une suite logique

On est plutôt bien, en Finlande. Mais je ne suis pas venu ici que pour la forêt et les lacs. Février 2018 : je démarre ce site, ce blog, ces podcasts, tout ce contenu destiné à d’autres. Réfléchir à ses propres pratiques pour les expliquer à d’autres est déjà très structurant pour moi. Et cela peut sans doute servir à d’autres.

Démarche prétentieuse, immodeste, arrogante ? Quoi que je fasse dans ma vie, j’ai eu droit à ces qualificatifs. Généralement parce que mes projets et réalisations semblaient impossibles à d’autres. Entendre comment tu l’as fait rappelle à d’autres leurs craintes, leurs appréhensions et inhibitions. Et il est toujours plus confortable pour eux de t’en vouloir d’avoir agi comme tu l’as fait, ou de t’en vouloir d’en parler, que de se livrer à une introspection.

J’espère que la démarche et le fait d’avoir créé une entreprise qui fonctionne même une fois qu’on s’en est extrait physiquement, vont avant tout éveiller ta curiosité.

La plupart des entrepreneurs décrivent un quotidien très accaparant, une fonction  » d’homme clé  » (ou femme-clé !) sans qui rien ne se décide, au point d’avoir du mal à prendre quelques semaines de congés ici ou là dans l’année… et encore, pour beaucoup il faut voir ce qu’on appelle  » des congés « . C’est donc là-dessus que je te propose une réflexion.

Le plaisir du parcours atypique n’est pas dans la destination

Je ne me mets pas brusquement à faire le malin. Voilà environ 40 ans que je marche en dehors des clous.
Et puis quels clous ? Plantés par qui ? Pour aller où ? On te ressert le qualificatif « parcours atypique » mais finalement qui sont les gens pour fixer un itinéraire supposément convenable ?

Pour moi il n’y a pas de destination. Comme toute entrepreneur j’ai des objectifs annuels. Mais dans la durée je n’ai pas de chiffre précis, de but précis, auquel je m’estimerai être  » arrivé « .

Seul le voyage compte.
Et les personnes qu’on croise en chemin.

Ce qu’on en reçoit.

Ce qu’on leur donne.

Monter sa boîte ? Le rêve est souvent le même pour tous…

Ces dernières années, au fil du chemin, j’ai croisé beaucoup d’entrepreneurs. Lauréat, membre et ancien administrateur de Réseau Entreprendre, impliqué dans la promotion de l’entrepreneuriat auprès des facs et des écoles, j’ai rencontré énormément de chefs d’entreprises, de tous horizons, tous âges, tous domaines, tous profils.

J’ai vu briller dans leurs yeux la même flamme, ces mêmes rêves d’indépendance, de maîtrise de leur temps, ce même souhait de construire une équipe et d’en faire le projet de leur vie. La plupart ont connu la vie salariée et se sont jurés de davantage maîtriser leur destinée. C’est un dénominateur commun et c’est super positif.

… mais les nuits sans sommeil aussi

Mais très souvent aussi, j’ai vu leurs désillusions, leurs frustrations, l’aliénation que finit parfois par causer ce métier dans lequel on est responsable de tout, au centre de tout, le remède à tout pour son équipe, la source de tous les maux aussi parfois. On est pointé du doigt, particulièrement en France où le mythe de l’affreux patron exploiteur est encore bien présent. La fameuse solitude du chef d’entreprise.

J’ai vu chez beaucoup le poids de cette situation sur leur vie familiale, sur leur santé, sur leur équilibre personnel. Ça fait souvent des dégâts quand on ne prend pas assez de recul pour travailler sur ces sujets.

Ce n’est un secret pour personne : les taux de divorce, de dépression voire de suicide sont bien au-dessus de la moyenne chez les entrepreneurs. Ce n’est pas par hasard.

Et ça reste vrai que l’entreprise se porte mal ou qu’elle se porte bien.

Evidemment quand l’entreprise va mal, on ne sait plus par quel bout la prendre et on a besoin de faire le point.

Mais j’ai aussi vu beaucoup d’entrepreneurs dont l’activité a le vent dans le dos et un rythme de développement qui les effraie : « comment vais-je gérer cette croissance ? Comment la financer, la maîtriser ? Et puis j’aimais bien le côté familial, petit comité, quand on était 2 ou 3. Comment je vais faire pour gérer maintenant 15, 30 ou 100 personnes ? Je n’aime pas manager, mais il va bien falloir. Est-ce que je saurai le faire ? » Autant de questions, et du mal à trouver les réponses.

J’ai vécu pas mal de ces étapes, et je continue de les vivre. Je me dis que ça peut servir à d’autres.

Et voilà comment j’en arrive là : prochaine étape du parcours atypique

Je ne vais pas t’apprendre à déménager à l’étranger.

Ce que je vais te montrer, par contre, c’est que tout ce que j’ai mis en place pour y parvenir peut te servir de bien des façons. Ces mutations dans la façon de travailler, dans l’organisation de l’équipe, dans la culture de l’entreprise… tout ça peut être utile à plein de choses.

A te poser régulièrement.

A prendre de vraies soirées.

Ou même de vrais week-end.

Peut-être même de vraies vacances.
A rétablir un équilibre personnel, dans lequel tu as le temps de réfléchir, de pratiquer un loisir, d’étudier un nouveau sujet.
A passer plus de temps avec tes enfants, ta famille, tes amis. Du vrai temps, où tu es vraiment avec eux.

A prendre du recul sur ton entreprise et sur ton rôle.

A cultiver ton équipe, pour que l’entreprise ce soit elle, pas toi. C’est un bonheur immense que de voir l’équipe se développer, se dépasser, malgré les frictions, la résistance au changement parfois. Et c’est indispensable, pour que tu ne sois plus en permanence au centre de tout.

A adosser ton entreprise à un système plus fort que quiconque, y compris toi.

A ne plus être chef, mais dirigeant. Parce que ce n’est pas la même chose.

A travailler non plus dans ton business, mais sur ton business.

A bosser autrement.

A être boss autrement.

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